mardi 3 février 2015

De l'art à l'entreprise


Dans le cadre d'un stage, un student me connaissant avant tout comme "artiste" découvre mes fonctions dans mon travail quotidien. Mon "vrai" travail, en gros. Voilà ce que ça donne.

Quelle est ta formation ?
Analyste programmeur (jamais utilisé) puis Gestion en cours du soir

Est-ce que le métier que tu exerces aujourd’hui correspond à ce que tu pensais lorsque tu étais aux études ?
Pas une seconde. J'ai débuté le graphisme sur le côté et tout s'est emballé rapidement.

En quoi est-ce mieux ? en quoi est-ce moins bien ?
Si je regrette de ne pas avoir pris une orientation en phase avec mon métier actuel, je suis toutefois peu séduit par le contenu des programmes d'études artistiques à Bruxelles. Le milieu des études artistiques est très superficiel et peu ambitieux. Je ne me serais probablement pas attardé dans ces formations et aurait pensé à faire quelque chose de plus utile, de plus concret.

Travailles-tu seul ou as-tu des employés ? ou alors fais-tu appel parfois à des services extérieurs ?
Je travaille seul en grande partie, et sous-traite l'exécution de certaines tâches techniques. Je fais fréquemment appel à des freelances avec qui je collabore depuis 7 ou 8 ans. Tout ce qui concerne la gestion, la stratégie, la consultance, je le fais moi-même. 

Est-ce que tu exercerais ce métier différemment si tu étais salarié et non indépendant ?
Certainement. Les indépendants ne s'arrêtent jamais vraiment de travailler, ne s'attachent pas à des horaires fixes, doivent être flexibles et multitâches. L'implication est radicalement différente. Être employé apporte confort et contraintes. Je deviendrais dingue rapidement... 

Combien d’heures travailles-tu par semaine ?
50 heures par semaine, parfois plus, parfois moins. Certaines périodes de l'année nécessitent des semaines à 70 voire 80 heures.

Qui sont tes clients ? Où sont-ils situés ? Travailles-tu à l’international ?
Clientèle très variée, beaucoup d'associations européennes, uniquement des entreprises, pas de particuliers. Quelques clients en dehors de Belgique. Je collabore avec quelques sociétés étrangères également (fournisseurs principalement). La grande diversité de services proposés par Navalorama permet d'avoir une clientèle élargie. Certains clients ne font appel à moi que pour des missions photos, d'autres pour l'impression, etc. Je dispense également des formations dans l'enseignement supérieur.

Comment fais-tu pour attirer de nouveaux clients ?
Par le bouche à oreille. Mes clients m'apportent des nouveaux clients. Je ne fais aucune prospection.

Comment fais-tu pour garder tes clients ? pour les fidéliser ?
Il faut effectuer un travail sérieux et honnête. Si je ne crois pas moi-même dans ce que je présente au client, il ne sera pas satisfait et ne reviendra pas. La rapidité de réponse est également primordiale, et puis la valeur ajoutée de mon métier. Il faut réfléchir à la place du client. S'il vient chez moi, ce n'est pas pour effectuer un travail graphique, mais pour que je réfléchisse à sa place en apportant une expertise.

Est-ce que ton métier consiste justement à aider tes clients à attirer de nouveaux clients ?
Entre autres. C'est surtout pour améliorer (ou créer) leur image d'entreprise. Leur donner un air plus professionnel, plus sérieux, plus imposant, afin qu'ils puissent eux-mêmes attirer de nouveaux prospects. J'améliore leur communication au sens large.

Est-ce que tu te recycles régulièrement ? Ou alors, comment fais-tu pour te renouveler ?
Il faut suivre les tendances, être au courant de ce qui existe, des nouvelles techniques, etc. J'essaye de connaître (même sans approfondir) les nouveaux softwares, les nouveaux languages, les codes de communication qui évoluent. Il faut suivre l'actualité et s'intéresser au contenu de ce qu'on propose comme service, il n'y a pas de miracle.

Quels sont tes plus grands défis dans ton travail quotidien ?
Ne pas être interrompu par des éléments extérieurs au travail (tele-marketeurs, l'administration,...). La quantité de temps qu'on peut passer à faire autre chose que son travail parce qu'on doit s'occuper d'idioties est incroyable. Il m'est arrivé de passer une journée entière à batailler pour prouver une erreur de l'administration. 

Quelles sont tes frustrations par rapport à ton travail ? Qu’est-ce qui te plait le moins dans ton boulot ?
J'ai la chance d'avoir des bons clients, compréhensifs et professionnels. Par contre quelques clients posent vraiment problème de par leurs propres méconnaissances. Par exemple un nouveau client se disant "éditeur" fait appel à moi pour son identité visuelle. Au final, je passe la majeure partie de mon temps - non facturé - à lui expliquer le process d'édition, car il n'en a au fait aucune idée.
Certaines demandes absurdes de clients également nécessitent parfois d'exécuter un truc affreux afin de leur prouver que leur idée est nulle. C'est du temps perdu, en sachant dès le départ que leur idée est vouée à l'échec.
Les clients qui utilisent leur email comme du chat est également pénible car eux ont l'impression de travailler alors qu'ils ne font que ralentir le travail.
Et puis le téléphone... C'est un réel problème pour moi. Une heure au téléphone est une heure de perdue, car c'est seulement une fois raccroché que je peux être focus sur mon boulot. J'essaye dès lors d'éviter le téléphone comme la peste. Mon numéro de téléphone ne figure d'ailleurs plus sur mes cartes de visites.

Tous ces comportements sont très frustrants au quotidien et parfois mettent un terme à une collaboration.

Quelles sont tes plus belles récompenses ? Qu’est-ce que tu aimes le plus dans ton boulot ?
Curieusement, voir un de mes travaux exposé à grande échelle ne m'apportent pas grande satisfaction. Je trouve plutôt cela amusant qu'autre chose. 
Le fait d'être indépendant en société atténue fortement l'appréciation personnelle vis-à-vis du contenu, et dès lors, les 'belles récompenses' se limitent malheureusement au paiement du client. Un travail bien effectué, rapidement, qui n'a pas été étalé en longueur, et avec une bonne marge bénéficiaire, cela apporte une grande satisfaction. Pas beaucoup de poésie dans tout ça...

Ce que j'aime le plus dans mon boulot, c'est de ne pas avoir à suivre un horaire de bureau fixe dans un environnement fermé. Même si mon quotidien s'en rapproche fortement, je n'ai pas cette sensation d'un 'office job' full time. J'ai beaucoup de liberté dans mon travail, c'est le plus gratifiant.

Que souhaites-tu pour ta société dans 5 ou 10 ans ? Comment fais-tu pour voir si loin ?
Développer la société, la faire grandir et la rendre plus important ne m'intéresse pas. Je n'ai pas cette envie de m'acharner au travail pour augmenter les risques. Ce n'est pas mon profil, je ne suis pas entrepreneur à ce point. Si un investisseur souhaite racheter les parts de la société et investir pour développer l'enseigne Navalorama, je serais partant, mais ce n'est pas un travail que je souhaite faire moi-même. Ca ne m'intéresse tout simplement pas. 
Dans 5 ou 10 ans, je vois ma position encore plus axée sur la consultance, avec un travail d'exécution encore réduit.  
Je te vois comme un artiste ? J’ai raison ?
Pour le boulot, je ne suis pas un artiste. Navalorama est une société de services aux entreprises, et les entreprises ne veulent pas d'un travail d'artiste. Ils veulent une expertise, une valeur ajoutée, un service intégré. Ils ne veulent pas du David Crunelle.
En dehors du travail, j'effectue du "travail graphique" que certains peuvent considérer comme de l'art, et cela me fait toujours plaisir.

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