Vous connaissiez les meurtriers de Charlie Hebdo. Si, si, ils vous sont biens plus familiers que vous ne le pensez. Vous êtes entourés de cas identiques, en terme de bouillasse culturelle. Vous voyez probablement beaucoup de contenu de personnalités au ‘parcours’ éducatif identique sur des sites haut-vol.
Le comparatif inattendu
Osons le parallélisme grossier un instant : Nabilla, cette starlette issues de, euh…je ne sais pas trop en fait. Elle a fait quoi Nabilla? Une opération des nichons et de la télé-réalité. Mais si on enlève ce qu’on voit, ça sort d’où, une Nabilla? Ca sort d’une culture du vide. Ce que la télévision présente à des pré-ados, pré-pubères comme de la grande culture ('divertissement') et des modèles aussi éphémères que vides de sens.
Osons le parallélisme grossier un instant : Nabilla, cette starlette issues de, euh…je ne sais pas trop en fait. Elle a fait quoi Nabilla? Une opération des nichons et de la télé-réalité. Mais si on enlève ce qu’on voit, ça sort d’où, une Nabilla? Ca sort d’une culture du vide. Ce que la télévision présente à des pré-ados, pré-pubères comme de la grande culture ('divertissement') et des modèles aussi éphémères que vides de sens.
Elle le disait elle-même : « Secret Story, c’était toute ma vie. »
Si toute ta vie se résume à une émission de bas de plafond, il ne faut pas s’étonner de la voir prendre cela en modèle de réussite.
Les frères Kouachi, et toutes celles et ceux qui sont malheureusement dans le même marasme nébuleux, partent au départ avec plus ou moins les mêmes chances intellectuelles qu’une Nabilla. Ils auront passé plus de 30 ans dans une République qui se veut encore un modèle, leur apportant une éducation à bas coût (on ne parle pas de niveau ici), un entourage social et culturel, des valeurs, des envies de consommation, etc. Mais une fois face à la réalité de la vie adulte, la multiplication des échecs (sociaux, professionnels, amoureux) engendre une naturelle frustration les poussant à trouver un sens ailleurs que dans les codes qui les auront accompagnés pendant leur enfance et adolescence. Ces codes qui poussent vers une adoration de ces ‘petits sanctuaires de désirs’ (tels que mentionnés dans cet excellent article) auquels ils n’auront pas accès sans avoir le pognon, la belle gueule ou l’origine culturelle adéquate.
La science infuse
Effectuons dès lors une sociologie de bas étage tout en tartinant cela d'une bonne vieille pyramide de Maslow tels les plus grands psychologues de première baccalauréat Psycho.
Besoin d’appartenance : à un groupe, à une communauté. Ce groupe peut être la jet-set sophistiquée parisienne issue du petit écran, ou la communauté des haineux. Un groupe reste un groupe, et être reconnu au sein de celui apporte la même satisfaction à celui qui fait les efforts suffisants pour y appartenir. Et tous les clichés s’y retrouvent bien volontiers, des petites frappes de banlieues à la casquette mal visée, aux jeunes bourgeois au poil pré-pubère s’habillant en chasseur et se revendiquant du libéralisme de leurs glorieux ancêtres rentiers. Tous ces groupes, quels qu’ils soient, bons ou mauvais (c’est relatif du coup), vous en faites partie. Même le groupe de l’anarcho-contestataire le plus normcore du web en fait partie. Les frères Kouachi, ne se sont pas privés pour souligner leur appartenance à Al Quaida Yemen, histoire de ne pas être associé à un autre groupe islamiste radical auquel ils n’auraient pas voulu appartenir.
Besoin de reconnaissance : être une star, être le king, être l’artiste, être le plus brilliant sociologue du web, etc. Ici aussi, vous en faites partie. La teneur de vos travaux/oeuvres/méfaits apportera sur vous un habit d’or et de lumière se traduisant pour des starlettes et terroristes par les formes les plus futiles d’admiration. Un nombre immense de 'like Facebook’ pour un selfie aurait-il la même valeur spirituelle qu’une ribambelle de vieux enfants caricaturistes au tableau de chasse d’islamistes aux connaissances religieuses très approximatives?
Besoin d’accomplissement
Cas numéro 1. Nabilla devient la femme la plus photographiée du monde, elle arrive au bout de son rêve et surpasse Paris Hilton. On l’invite dans des boites de nuits (temples de la sophistication) où elle se fait grassement payer pour son unique présence. Le Graale est atteint, l’icône devient super-icône.
Cas numéro 2. Les frères Kouachi ‘venge le prophète’, ’tue Charlie Hebdo’, ils accomplissent la mission qui, tel une liste dans un jeu video, se trouvait dans une base de données en ligne. Ils deviennent des martyrs, des héros, ceux qui ont accompli quelque chose. En plus, c’est la fin des grandes frustrations : ils auront droit à un paquet de vierges.
Dans les deux cas, l’aboutissement de leurs actes se termine par un mur : il n’y a plus rien après. C’est fini, puisqu’il n’y a plus moyen de s’améliorer personnellement, ils auront tous atteint le plafond de verre qui, si brisé, ne les fera plus briller. Nabilla aura bien essayé de faire de la chronique (pas du journalisme hein), en s’agrippant à une présence télévisuelle sur des chaines de moins gros calibre. Elle aura usé de sa personne, transformée physiquement, pour s’associer aux modèles qu’elle vénère, mais s’améliorer, quand on a pas le fond de sauce, c’est bien difficile…
Les frères Kouachi auront peut être essayé de s’améliorer toute leur vie avant d’être confronté à ces échecs mentionnés plus haut. Ils auront donc pris des modèles (ceux qui leur parlent, qui leur donnent un sens, une mission, un objectif et une perspective, même dans l’au-delà), ils auront également donné physiquement de leur personne, pour être les stars du moment, auprès de ceux qu’ils admirent, quitte à ne rien comprendre au sens profond de leurs actes.
Vs vs Vs
Un autre point commun entre ces fruits de la société est le suivant : ni Nabilla ni les frères Kouachi n’auront assouvi leur besoin de reconnaissance vis-à-vis de gars comme moi. La musique que j’écoute, les livres que je lis, les gens que j’admire, tout ça n’est qu’un ramassis de connerie pour eux. Ils ne comprennent même pas l’intérêt que je porterais à ces niaiseries. Ce qui nous différencie n’est pas seulement le contenu de nos passions, mais bien le jugement qu’on en aurait. Nabilla n’aime pas mon dernier collage? Bah, je m’en tape. Les frères Kouachi trouvent que le dernier Shellac n’est que "du bruit » ? Je peux comprendre que c’est pas du Buddha Bar. Par contre, j'affirme haut et fort que Secret Story est du niveau intellectuel d’un four à merde, et là le débat risque de virer au pugilat. Afficher mon aberration totale devant la différence salariale entre homme et femme dans certaines entreprises, et je risque ma peau auprès des Kouachi.
Le jugement que je porte aux valeurs des autres n’est pas aussi sanguin.
Tolérance? Certes, j’ai la chance d’avoir été éduqué comme cela. Pas Nabilla? Pas les Kouachi? Pourtant, nos programmes scolaires devaient contenir des bases humanistes identiques? L’éducation ne serait donc pas le problème.
Ton seul Dieu, c’est la culture
Affirmation purement subjective : le manque de culture engendre les carences identitaires.
Je suis Européen, belge, bruxellois, marollien d’origine. C'est mon identité. Je suis également graphiste, passionné par la communication visuelle, la musique, l’art contemporain, et les pizzas. J’ai la chance d’avoir eu accès à tout cela, pas parce que je suis bien né (surtout que c’est pas le cas hein), mais parce qu’on m’a inculqué l’envie d’aller voir d’autres choses.
Imaginez, je passe mon enfance et adolescence devant un mur blanc recouvert de négativisme et de frustrations dans un quartier rempli de pauvretés. Après des années d’ennui profond, une personne dont l’aisance verbale m’impressionne m’affirme que la seule véritable forme d’art, c’est le suprématisme. En plus, on m’affirme que, moyennant acte de bravoure, je pourrais être personnellement associé au génie se cachant derrière ce carré noir sur fond blanc. Mais pour cela, je dois venger l’honneur des suprématistes en exécutant ces chiens d’infidèles constructivistes et leurs lignes colorées blasphématoires. Je m’exécute, et atteint dès lors le paradis des carrés noirs sur fond blanc.
Remplacez le carré noir par des sourates foireuses d’un Coran allégé, et moi aussi, je vous tue comme un sale chien.
PS : Ah oui, la Nabilla aurait aussi poignardé son mec lors d’une dispute. Un geste - s’il est avéré - bien curieux pour un couple sumédiatisé (mon correcteur suggère 'surmédicalisé'...). Quelle est cette génération qui en arrive à sortir une arme lors d’une dispute conjugale?
PS : Ah oui, la Nabilla aurait aussi poignardé son mec lors d’une dispute. Un geste - s’il est avéré - bien curieux pour un couple sumédiatisé (mon correcteur suggère 'surmédicalisé'...). Quelle est cette génération qui en arrive à sortir une arme lors d’une dispute conjugale?
PPS : Blague à part, le suprématisme, c'est vachement bien, et je rigole pas.
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