En l'espace d'un an, j'ai pu, pour des raisons professionnelles principalement, visiter de nombreuses capitales européennes et autres destinations. Voyages tellement nombreux en 2014 que j'en arrive à en oublier certains... La plupart de ces villes m'étaient inconnues et entourées d'un nuage de préjugés qui devaient s'estomper en à peine quelques heures sur place.
Voici ce que ça donne, de manière purement subjective.
Bâle
La capitale de l'ennui. Certes la ville compte quelques musées (le plus grand nombre de musées par nombre d'habitants au monde il me semble), et a un charme que certains apprécieront. Pour ma part, j'ai trouvé ça intéressant 10 minutes, le temps de m'apercevoir qu'il s'agit d'une ville de vieux conservateurs où rien n'est ouvert le vendredi après 17h, et où les pizzas coûtent 30€. Par contre, à 20 minutes de bus de là se trouve l'incroyable Vitra Design Museum, et bien entendu le Vitra Shop. Un spectacle architectural époustouflant jumelé à un parc d'attraction pour adulte en forme de show-room. Parmi les nombreuses choses à voir au moins une fois dans sa vie se trouve le Vitra Design Museum. Bâle par contre...
Berlin
Découverte inattendue d'une ville qui n'avait pas réellement d'images précises dans ma tête. Assez déconcerté pendant les premières 24 heures, j'admets avoir mis du temps à trouver le charme de cette ville. La malheureuse gentrification est en cours là aussi, mais Berlin regorge d'histoire et d'une énergie créatrice qui fait de cette ville un lieux refusant de rester ancré dans son passé. J'y retournerai, encore et encore si possible.
Amsterdam
Passage express par cette ville qui a surement beaucoup à montrer, mais où j'ai pu retrouver des éléments culturels et historiques commun à la Belgique, ainsi que l'influence architecturale apportée par les hollandais dans des villes comme New York. Les musées avaient l'air grandioses, et je n'ai malheureusement pas eu assez d'heures que pour en profiter pleinement.
Vienne
Quelle drôle de ville... Un mix culturel très interpellant où la communauté Instagram locale (avec qui j'ai passé mon temps libre) déborde d'activité. Cela est soit signe d'ennui profond localement, soit de besoin de rassemblement. Le Mumok (expédié en 30 minutes malheureusement) est un passage obligé, mais en fait ce que je retiens principalement de Vienne, ce sont ses habitants.
Istanbul
Que dire de la brillance d'un tel lieu? De la richesse culturelle et historique de cette sublime ville et de ses habitants? Ses habitants qui font que les conservateurs européens sont des arriérés moyenâgeux bons pour la maison de retraite. J'y ai rencontré les gens les plus éduqués, aimables, gentils (dans le sens profond du terme), curieux et ambitieux. Cette chape de plomb politique ne tiendra pas longtemps devant une génération actuelle si ambitieuse et avant-gardiste. Je suis fier de connaître certaines personnes vivant à Istanbul, et encore plus fier d'en compter parmi mes amis.
La Turquie fût un grand pays de l'histoire, et Istanbul sera une des toutes grandes villes du futur de l'Europe.
Madrid
Certes j'y aurais vu plus de Burger King que partout ailleurs dans ma vie, Madrid a une effervescence qui cacherait une crise économique. Cependant, Madrid représente ce qu'il y a de plus évident dans une capitale européenne : une myriade permanente de touristes, des grandes allées commerçantes aux enseignes des plus banales, une relative mixité sociale,... Assez mitigé sur la ville dans son ensemble, je dois admettre y avoir trouvé une certaine qualité de vie inattendue. Cependant, cette ville me rappelle Londres en de nombreux points.
Rome
Plein ma poire pendant 3 jours, j'ai découvert - enfin- l'Italie par cette ville trop grande d'histoire et d'importance, j'étais à bout de souffle constamment, c'était trop beau, trop populaire, trop brouillon, trop de couches. Rome est la ville qui m'a agrippé au ventre, comme si je devais y passer plus de temps pour m'en remettre et m'entendre avec elle. L'aspect le plus grandiose côtoie l'injuste délabrement absurde. Cette ville souffre de son histoire écrasante. Imaginez la plus grandiose oeuvre d'art au monde qui aurait été conservée dans une cave humide trop longtemps. J'irais penser les blessures de Rome en lui témoignant mon admiration dans les années à venir.
Nice
Premier passage à Nice en 20 ans. J'y ai a peu près tout détesté. Cette ville est devenu le cliché raté de la Méditerranée. C'est sale, la bouffe est affreuse, la mer est bordée d'une autoroute. Nice essaye, Nice a essayé, mais au final, il ne reste plus grand chose qui donne envie d'y être.
Stockholm
Y allant quasiment chaque année depuis 15 ans, j'ai pu voir le développement urbain intelligent. La Suède est le modèle, point barre. Stockholm s'agrandit en ce moment de 15% de sa surface, pour apporter de nouveaux logements et quartiers à ses habitants. Qui fait de même en Europe? Alors qu'on développe un RER depuis 25 ans à Bruxelles, où 2 lignes de métro se battent en duel depuis leur création, Stockholm continue sa course en tête aux Jeux Olympiques de l'efficacité. Ceux qui trouvent des problèmes aux modèle suédois, j'entends par là de réels problèmes, ils sont soit malhonnêtes, soit mal renseignés.
Londres
Londres et une ville géniale où je ne souhaiterai pas vivre. Bruxelles devient comme cela. Un gigantesque business center où se côtoient les plus gros crétins prétentieux et sophistiqués d'Europe pendant les quelques années précédant la désillusion professionnelle. Et le reste de la ville n'est que précarité précédant la pauvreté. La culture garde la ville la tête hors de l'eau, mais cela satisfait les touristes, pas les Londoniens.
Saint-Louis, MO
Misère... Le choc fut rude. Je n'étais pas préparé à affronter cette réalité. On peut se retrouver dans un marché d'un bidonville indien occupé par des millions d'habitant et se dire que le monde est grand et qu'on est tout petit. On peut se dire la même chose à Saint-Louis... Une ville sans ville, où le 'centre' serait considéré comme l'amas de bars entourant le stade des Cardinals, des heures de marches inutiles pour visiter du vent. Des vies perdues et inutiles par dizaines à chaque bloc. De la nourriture aussi infâme que peu inspirée. Qu'est-ce qui peut bien sortir de Saint-Louis? Naître ici, grandir ici, travailler ici, ça donne quoi? Saint-Louis est une curiosité. Une autre planète. En réalité, le mid-West américain est comme ça. La majorité du pays est comme ça. Et la grande majorité des villes est comme ça. Sincèrement, je ne sais pas quoi penser de Saint-Louis. J'y étais perdu, et j'avais l'impression que toute la population était comme moi...
Chicago
Grosse claque dans la figure cette année, Chicago est une ville exemplaire en de nombreux points. Le système américain lui par contre est à revoir. Mais quel bonheur de découvrir une ville qui aime ses habitants, qui s'occupe d'eux. Dès lors, les habitants valorisent leur ville comme nulle par ailleurs. Chicago est un écrin urbain protégeant la créativité de ses habitants. L'anti mid-West par excellence. Peut-être la ville des USA où je me verrais vivre le plus facilement.
New York
Je resterai attaché à cette ville aussi longtemps qu'elle tiendra debout. Y allant fréquemment, j'ai pu y voir les évolutions/dévolutions/révolutions de près. Même si je n'aime pas tellement la direction que prend la ville depuis quelques années, New York reste le parc d'attraction où on retourne dès que possible, parce qu'on s'y sent bien. De l'époque où j'espérais secrètement y faire ma vie, j'en garde depuis quelques années plus un désir de 'time sharing'. 3 semaines par an à New York me suffisent désormais.
Que tirer comme conclusion après une année si chargée en découvertes? Le constat est simplissime : la qualité de vie à Bruxelles est inférieure à la grande majorité de ces villes.
Dit comme cela, on ouvre facilement le débat. Mais en prenant quelques paramètres très précis, la balance commence à prendre forme.
Transports publics, nourriture, qualité des services dans le privé, développement culturel, architecture... Difficile d'établir un tableau comparatif, mais mes nombreuses surprises dans ces différentes villes ne font que souligner les contraintes et difficultés qu'une vie à Bruxelles engendre. La vie ici n'est clairement pas meilleure que dans la majorité de ces villes. Elle est certes plus 'pratique' et sécurisante, mais tout de même, Bruxelles aurait tellement à offrir, rien qu'en s'inspirant un peu des multiples exemples citadins qui l'entourent.
lundi 29 décembre 2014
dimanche 16 novembre 2014
Le crowdsourcing de(s) paresseux
En 9 jours passé à New York ce mois-ci, j'aurais pris un total de zéro photo avec mon pourtant magnifique Sony RX100 II, avec lequel j'ai par le passé eu une histoire new yorkaise intense et passionnelle. J'ai par contre couvert l'ensemble de mes visites et déplacements avec un iPhone 5, soit plus de 200 photos aux sujets très variés, du plus sérieux au plus stupide.
En mars 2014, la célébrissime banque d'image Getty annonçait son alliance avec le réseau social d'origine allemande EyeEm (cf: Joint venture Getty & EyeEm), concurrent européen d'Instagram.
Getty, qui depuis sa création fait appel aux services de photographes professionnels et amateurs, se lance donc dans le crowdsourcing de la photographie mobile afin d'enrichir son catalogue. EyeEm de son côté, montrerait qu'il est possible de générer du fric dans un modèle économique éloigné du polluant et étouffant modèle publicitaire.
L'utilisation d'un réseau social tel qu'EyeEm pourrait donc réorienter le contenu posté vers une hypothétique rente financière. Posons nous dès lors la question suivante : peut-on réellement devenir Photographe Mobile Professionnel?
De la fainéantise informatique au catalogue professionnel
N'ayant jamais été très actif sur mon compte EyeEm, j'y ai uploadé un jour de manière très paresseuse un batch de 900 photos, toutes issues de mon compte Instagram. Et y ajoutais semi régulièrement les mêmes photos, sans interagir, sans tags, sans notes, sans rien, comme un parfait asocial. Non pas que EyeEm ne mérite pas plus d'intérêt, mais j'avoue ne jamais avoir pu me faire à l'interface mobile de cette application, n'ayant jamais pris les 5 minutes nécessaires à l'apprentissage de son ergonomie.
En mars dernier donc, EyeEm et Getty se marient, et proposent d'ajouter des photos dans un compte "EyEm Market", sous-rubrique du réseau social permettant de sélectionner les photos que l'utilisateur souhaiterait voir ajoutées dans le prestigieux catalogue américain.
Quelques clics plus tard, je soumets 200 photos d'une banque d'images professionnelles, environ 180 d'entre-elles sont choisies et après dernière validation se retrouvent listées sur le site de Getty, chacune créditées de mon nom associé à EyeEm.
En quelques années de photo, jamais je n'aurais tenté une approche directe vers une banque d'images, encore moins Getty, étant peu à-même de compléter les démarches administratives nécessaires, et encore moins motivé à l'idée de passer d'avantage de temps derrière un écran plutôt que derrière un viseur optique. C'est bien cette même relative fainéantise qui m'aura personnellement éloignée de la photographie traditionnelle et du post-traitement qui y est associé.
Un influant modèle sous influence
De prime abord sceptique quand au réel succès de cette joint-venture, je considérais l'ajout de photos comme une obséquieuse valorisation de la part d'EyeEm, persuadé que le catalogue de Getty seraient rapidement rempli de millions d'inintéressantes et inutiles photos en basse résolution.
Mais voilà, quelques semaines à peine, et certaines de mes photos ont été achetées depuis le catalogue Getty. Je touchais même 50% de ce que EyeEm percevait dessus (on reste donc bien loin des 50% du prix affiché, fort malheureusement). Le modèle fonctionnerait il donc bel et bien? Prenant le train en marche de la photographie mobile, le crowdsourcing made in Getty serait efficace?
Finalement peu de ces photographes qui auront remplis les banques d'images par le passé ont pu faire carrière entièrement dans le stock photography. Les quelques-uns qui généraient assez de revenus pour ce faire travaillaient souvent sur commande, ouvrant parfois une porte à la créativité toute relative de certains de ces professionnels, et qui auront été coupables de certaines des pires horreurs visuellement conformistes des dernières décennies. L'adjectif 'cliché' ne viendrait-il pas d'ailleurs de ces banques d'images?
Le mutant fainéant
Ce relatif succès d'estime aura pour moi ajouté un clou au cercueil de la photographie traditionnelle (celle qui sous-entend un vrai appareil photo, qu'il soit numérique ou analogique) et des contraintes techniques et administratives qui en découlent. Mais cela m'aura également poussé à prendre des photos dans cette optique précise.
Sans pour autant partir en mission vers du stock photography de base, je me suis retrouvé quelques fois récemment à prendre une photo plus par l'envie d'insérer celle-ci dans une banque d'images plutôt que sur un réseau social. Les quelques retouches nécessaires (comme effacer un logo par exemple...) afin d'optimiser (ou calibrer...) la photo ont été faites sur le smartphone (un post sur les applications mobiles de retouches viendra bientôt), et elles ont été ajoutées au catalogue EyeEm/Getty directement depuis ce même appareil. De la photo mobile, éditée, gérée et publiée via mobile.
Le pro sans bureau
Nouveaux outils, nouvelles habitudes, nouveaux services. L'utilisation du smartphone comme appareil photo, les réseaux sociaux orientés image et le crowdsourcing de Getty. On mélange tout ça et on obtient un nouveau métier de Photographe Mobile professionnel. Tout le monde est d'accord?
Un photographe analogique vous dira rapidement qu'il fait de l'analogique, et considérera souvent qu'il fait partie de la famille noble de la photographie, celle avec un P majuscule.
Or, pour certains marchés, on est photographe, ou on ne l'est pas. Pas besoin de distinction, sauf pour sa propre estime.
Certains disaient que "Instagram, c'est la mort de la photographie."
Ce n'est pas ce que pense Getty.
Les banques d'images ont surtout compris une chose: qu'elles vous vendent une photo 450x300px pour illustrer un article, peu importe qu'elle soit issue du prochain Hasselblad H5D-200c ou d'un spy pen, le résultat financier est le même.
Le futur de l'ancien nouveau machin
Nouveaux outils, nouvelles habitudes, nouveaux services, disions nous. Et donc tout naturellement, nouveaux marchés. Comptons les mois, voire les semaines qui nous séparent de l'apparition de nouvelles formations en "Photographie Mobile Professionnelle", ou d'un spam "Devenez Photographe Mobile professionnel en 2 heures". J'ai moi même inséré il y a 4 ans un chapitre sur la photographie mobile dans mon cours d'Eléments de Photographie, chapitre s'étoffant un peu plus chaque année. L'année académique dernière, j'ai même autorisé une série d'étudiants à n'utiliser que leurs smartphones pour les exercices pratiques. Les outils changent, mais pas le contenu.
Certains miseront temporairement sur une spécialisation de la "photographie mobile", s'y colleront un titre d'expert en la matière, et tenteront probablement de se différencier des "photographes traditionnels numériques". Libre à chaque personne derrière une lentille de s'illustrer pour performer dans ces nouvelles pseudo catégories, quitte à sortir radicalement des standards consensuels des banques d'images.
Si une photo remplit sa mission, les banques d'images se feront un plaisir de l'interpréter pour vous afin de satisfaire une demande commerciale.
jeudi 16 octobre 2014
La toute relative notion d’outils d’information par la STIB
Depuis quelques semaines, nous voyons fleurir dans les stations de métro bruxelloises des écrans publicitaires animés. Rien qu’à la station Louise, ils sont au nombre de 10, et il y en aura bientôt 160 dans les stations les plus fréquentées.
"Ces panneaux plus modernes et interactifs permettent de montrer davantage de publicités, puisqu’il y en a six qui peuvent tourner sur un même support dont une qui sera systématiquement réservée à la Stib pour ses campagnes", précise Cindy Arents, porte-parole de la Stib dans La Libre d’il y a 15 jours.
Du côté de la Stib, on ne se cache pas de jubiler devant cette brillante avancée permettant d’afficher donc d’avantage de publicités aux voyageurs d’un réseau saturé et entièrement financé par les bruxellois.
Fantastique, il y a plus de pubs, donc plus de “rentrées financières" (c’est la STIB qui le dit ici, tout tout tout en bas). On va donc avoir d’avantages de trams, moins d’attente, des stations plus clean, bref un meilleur service.
A condition que cette nouvelle manne financière (dont les montants estimés restent inconnus/introuvables) arrive au bon endroit…
Dans une capitale, la pression publicitaire est bien entendu plus forte que partout ailleurs. Les mass medias présents à Bruxelles ont les moyens d’ accentuer encore cette pression, car 2000 messages publicitaires par jour n’est probablement pas assez pour le commun des mortels citadins. Dès lors, ces panneaux publicitaires, vendus comme interactifs, est un marché remporté pour 12 ans (!!!) par JCDecaux, et qui vise donc à “moderniser” les supports publicitaires. A une époque où la durée de vie moyenne de nos smartphones et tablettes se situe entre 2 et 3 ans, c’est plutôt pas mal comme espérance de vie pour une dalle interactive…
Mais bref, s’il est encore trop tôt que pour se poser des questions quand aux capacités de négociations de la Stib face à une multinationale, rappelons que le marché remporté parJCDecaux ne concerne que le placement (et l’entretien? et les frais de fonctionnement?) de ces dalles futuristes. Le contenu, donc la pub, est géré par ClearChannel, filiale du mass media américain iHeart Media Inc.
Mais bref, s’il est encore trop tôt que pour se poser des questions quand aux capacités de négociations de la Stib face à une multinationale, rappelons que le marché remporté parJCDecaux ne concerne que le placement (et l’entretien? et les frais de fonctionnement?) de ces dalles futuristes. Le contenu, donc la pub, est géré par ClearChannel, filiale du mass media américain iHeart Media Inc.
Avec toutes les cylindrées rutilantes de la publicité, nous sommes en droit de nous poser la question suivante : quelle est la part réelle des rentrées financières de ces nouveaux ‘outils d’informations’?
La Culture du FAIL
N’en déplaise à certain, la Stib a un réel rôle social dans la capitale. Sans vouloir ouvrir un débat sensible, l’intercommunale bruxelloise est, et elle le rappelle souvent, un vecteur d’emplois importantissime pour des catégories de personnes qui ne trouvent pas (et ne trouveront peut-être jamais) d’emploi en dehors de ce type de structures. Des emplois nécessitant peu de qualifications, servant souvent de premier emploi à des jeunes coincés dans l’absurdité de pièges à l’emploi tant décriés ces dernières années. Toujours selon l’article de la Libre Belgique, un utilisateur lambda affirme : "Je trouve cela assez pratique puisqu’on ne doit plus venir changer les affiches. C’est mon avis de chef d’entreprise."
Remplacer donc le capital humain par des panneaux animés ne fera en plus que renforcer ce sentiment d’absence constante de personnel dans les stations de métro à Bruxelles. Les dernières interactions avec du personnel de la Stib se limitant le plus souvent à des échanges brefs derrière des vitres épaisses (même les banques ont cessé cela…)
L’avenir de ces « jobs » (s’il vous plaît ne parlons pas d’emploi) fournis par la Stib pourrait donc être menacé par des avancées technologiques que les navetteurs n’avaient pas demandées. Les profils (et salaires) de ces jobs sont biens éloignés des ‘Business Unit Manager Direct Sales’ et autres ‘Key Account Manager’ des beaux bureaux de ClearChannel Belgium. La STIB a-t-elle visé juste sur ce coup-ci?
La Culture du REFAIL
Qu’avons nous vu depuis l’installation de ces outils d’informations, en terme de contenu? Des temps d’attentes affichés en grand, des informations services, des cartes animées, de l’art, etc.
Ah non pardon, en fait on n’y a vu que de la pub.
Et pas vraiment variée :
• JCDecaux qui vante ses mérites et ses brillants outils
• Une capsule vidéo de 5 secondes nous invitant à télécharger Time Jump, l’application retraçant les 60 ans de la Stib (a-t-elle du payer pour afficher ces pubs?)
• Villo!, qui outre de promouvoir l’utilisation du vélo à Bruxelles est en partenariat avec la Stib via leur carte Mobib (ici aussi, Vilo! a-t-elle du payer?)
• Et puis Belfius, prix Nobel 2012 de l’amateurisme en communication d’entreprise.
Bref, si rentrées financières il y a, ce ne sera certainement pas de quoi engager une armée de nouveaux collaborateurs ni de quoi désodoriser les wagons du métro en heure de pointe. 4 annonceurs, à coup de 6 publicités la minute, on est proche du matraquage.
Ces panneaux animés auraient donc pour l’instant manqué leur(s) cible(s). “Ils viennent d’être installés" nous dira sûrement la Stib. Oui mais le contrat d’exclusivité avec JCDecaux date de janvier 2014. Apparemment, pour ces experts de la comm’, 9 mois pour préparer des campagnes de pubs vidéo, ce n’est pas assez.
Peut-être souhaitez vous connaître les futurs annonceurs. Je parie pour ma part sur ING, Proximus, et encore un peu de Time Jump.
Alors que quelques unes arrivent encore à exister, verrons nous les magnifiques affiches du Théâtre Varia sur ces panneaux animés? Ou la prochaine expo du Musée Fin de Siècle? Tout dépendra des tarifs qui seront proposés par ClarChannel, qui préféra probablement privilégier ses petits partenariats de longue date avec les grosses enseignes plutôt qu’avec la culture bruxelloise.
La Stib n’aurait-elle pas pu ajouter quelques lignes dans sa famélique charte publicitaire afin de garantir quelques aspects sociaux et culturels dans leurs espaces publics? A se demander si la Stib est toujours bien une intercommunale, et valorise encore Bruxelles.
Tiens d’ailleurs, ce matin même, j’ai reçu un sachet de Royco Minute Soupe, distribué par des students habillés en clowns rouges, positionnés devant les portiques d’accès aux quais à Louise. Royco dont la campagne actuelle nous invite à prendre des pauses (via leur Pauze Manager), des fois qu’on serait stressés et oppressés par des messages divers.
Pression publicitaire vous avez dit?
Mise à jour 17 octobre 2014 : la réponse de la Stib en vert.
Bonjour David,
Comme promis, nous revenons vers vous suite à votre article au sujet de l’installation de nouveaux écrans publicitaires dans nos stations.
Plusieurs éléments nous ont interpellés et, pour la bonne information de tous, nous tenions donc à revenir dessus.
Tout d’abord, il faut savoir que la publicité dans nos stations n’est pas neuve du tout.
L'accumulation de publicité était le propos du post...
Auparavant, la gestion des espaces publicitaires était gérée par la société MTB, détenue à parts égales par la STIB et CLEAR CHANNEL. Ce n’est plus le cas depuis janvier 2014, étant donné que cette tâche a été confiée à JCDecaux.
En fait le marché a été remporté par JCDecaux le 21 janvier, soit le même jour que la présentation des nouveaux projets d'outils d'information.
Nous ne travaillons donc plus avec Clear Channel. Vous trouverez de plus amples informations à ce sujet dans la revue de presse sortie à cette occasion : http://www.stib-mivb.be/ pressreleases.html?guest_user= guest_fr&news_rid=/STIB-MIVB/ INTERNET/ACTUS/2014-01/WEB_ Article_1390379064028.xml.
L'accumulation de publicité était le propos du post...
Auparavant, la gestion des espaces publicitaires était gérée par la société MTB, détenue à parts égales par la STIB et CLEAR CHANNEL. Ce n’est plus le cas depuis janvier 2014, étant donné que cette tâche a été confiée à JCDecaux.
En fait le marché a été remporté par JCDecaux le 21 janvier, soit le même jour que la présentation des nouveaux projets d'outils d'information.
Nous ne travaillons donc plus avec Clear Channel. Vous trouverez de plus amples informations à ce sujet dans la revue de presse sortie à cette occasion : http://www.stib-mivb.be/
Qui dit nouveautés, dit projets, ce qui nous amène à ces fameux écrans publicitaires florissant dans plusieurs de nos stations. Avec ces nouveaux dispositifs, nous entendons animer ces espaces de vie en mettant des supports plus modernes à dispositions de nos voyageurs.
Outre ces écrans publicitaires, 70 bornes interactives viendront également contribuer à la modernité de nos stations. Celles-ci auront pour vocation d’offrir un outil d’information aux voyageurs, dans cette optique générale de convivialité et d’évolution.
D’un point de vue financier, la publicité permet de trouver des ressources autres que celles émanant de la vente des titres de transport et des subventions. La STIB se veut transparente à ce sujet, c’est pourquoi un rapport financier reprenant nos différentes recettes et dépenses est publié chaque année. Vous trouverez celui-ci sur notre site internet, dans la rubrique « Nous connaître > Chiffres clés > Rapport d’activités et financiers » : http://www.stib-mivb.be/irj/ go/km/docs/STIB-MIVB/INTERNET/ attachments/Rappport_ Financier/STIB_Rappport_ Financier_2013.pdf. Soulignons par ailleurs que c’est plutôt une bonne chose pour nos voyageurs et les contribuables que le financement de nos services ne repose pas exclusivement sur leurs épaules.
Effectivement, les (ridicules) rentrées publicitaires sont indiquées ici (pour 2013), mais pas les prévisions pour 2014 avec ces panneaux supplémentaires.
Notons également que nos écrans publicitaires ne signifient pas la disparition des affiches
Cela confirme donc l'augmentation de publicités.
; seules certaines stations sont concernées par cette nouveauté et ces deux supports pourront tout à fait y coexister. De plus, les emplacements publicitaires sur notre réseau sont gérés par JCDecaux, le personnel de la STIB n’aurait donc en aucun cas pu être impacté.
"Gérés" = également les frais d'électricité et d'entretien? Auquel cas, les laveurs d'écran seraient des employés JCDecaux?
Cela confirme donc l'augmentation de publicités.
; seules certaines stations sont concernées par cette nouveauté et ces deux supports pourront tout à fait y coexister. De plus, les emplacements publicitaires sur notre réseau sont gérés par JCDecaux, le personnel de la STIB n’aurait donc en aucun cas pu être impacté.
"Gérés" = également les frais d'électricité et d'entretien? Auquel cas, les laveurs d'écran seraient des employés JCDecaux?
Parallèlement, les emplacements de Métro Agenda, mis à disposition dans des conditions très avantageuses, sont dédiés à la publicité culturelle. En effet, la STIB se veut être un partenaire de la vie culturelle bruxelloise, en témoignent nos nombreux partenariats à l’occasion d’événements tels que la Nuit Blanche, Couleur Café, le Brussels Summer Festival, etc. Pour de plus amples informations sur les conditions d’affichage de Metro Agenda, vous pouvez les contacter au 02/223.20.20.
Il y a donc un support additionnel contenant la publicité culturelle.
Et les partenariats, sont-ils noyés dans le très nébuleux "Services et Biens divers" (page 10 + compte de résultat du rapport financier)? Parce que ce rapport financier ne fait part d'aucune activité culturelle.
Et les partenariats, sont-ils noyés dans le très nébuleux "Services et Biens divers" (page 10 + compte de résultat du rapport financier)? Parce que ce rapport financier ne fait part d'aucune activité culturelle.
En espérant que ces quelques précisions vous permettront de faire la lumière sur certains points, nous restons bien entendu à votre disposition pour tout complément d’information.
Il nous reste à vous souhaiter une agréable fin de semaine et, bien entendu, d’agréables voyages sur nos lignes.
Cordialement,
STIB – Customer Care
Conclusion
Remercions la Stib et son personnel de cette réaction, même s'il est évident que cette réponse est volontairement peu précise... Il y aura donc bel et bien d'avantage de publicité, gérée par JCDecaux, et nous n'avons toujours pas d'idée précise sur les avantages financiers que la Stib compte en retirer.
Au moins, ils sont débarrassés de ClearChannel (mais ont signé pour 12 ans quand même avec JCDecaux....).
Autre correction par rapport au post d'hier : les panneaux animés actuels passent uniquement des modules vidéos de 5 secondes, et à Louise en tous cas ne concernent que les 4 "annonceurs" (JCDecaux, Villo!, Time Jump et Belfius). Cela fait tout de même 15 passages la minute, fois 10 panneaux à Louise, sur une durée d'exploitation quotidienne de 7h à minuit. On dépasse les 15.300 matraquages par annonceur.
Mais ça va rapporter des sous, hein.
Le fin fil de la communication propagandiste
Suivant actuellement la communication de la campagne de Bruno Le Maire à la conquête de la présidence de l’UMP en 2015, et faisant suite à un précédent billet quand à l’utilité d’une présence sur Instagram, arrêtons nous un instant sur l’utilisation de ce réseau social par diverses personnalités politiques.
Tout d’abord, reprenons la même question : à quoi sert un compte Instagram? Et à quoi cela sert aux politiques? La réponse est évidente : à communiquer. Ce inclus toutes les dérives que cela peut engendrer.
Revenons sur Bruno Le Maire, dont le compte Instagram, manifestement géré par une (jeune) équipe de campagne très motivée et archi-convaincue, poste quasi quotidiennement les déplacements divers, les portraits opportuns, les discours en tribune, le public conquis, le soutien du peuple avec des t-shirt arborant son slogan, bref, la relative proximité de l’ex Ministre de l’Agriculture du gouvernement Sarkozy avec la population.
Que nous apporte ce compte Instagram? Une vitrine sur l’agenda du candidat. Et rien d’autre. Son ‘combat’ pour la conquête d’un ‘renouveau’ politique, est donc illustré de près par une équipe d’expert prêts à tout pour agiter constamment devant nos yeux crédules la sincérité de l’homme à coups de photos biens trop calculées et dénuées d’intérêt artistiques.
Parlons chiffres : le compte de Bruno Le Maire, c’est 259 photos postées en 1 an et demi d’activité sur Instagram, dont 230 photos de lui. Des 29 photos restantes, plus de la moitié contiennent son nom sur un t-shirt, portés par des jeunes enthousiastes.
Prenons maintenant un politique belge, bruxellois, ancien Secrétaire d’Etat au Logement et au Tourisme. Christos Doulkeridis a également un compte Instagram comptant quasiment trois fois plus de photos, faites pour la plupart avec un gsm (contrairement aux photos reportages de Bruno Le Maire). On y voit l’actuel Parlementaire bruxellois dans son quotidien autre que son agenda politique. Il n’essaye pas d’avoir l’air plus parfaitement parfait (et donc lisse) que d’autres politiques. Il montre ce qu’il vit, ce qu’il mange, ce qu’il découvre, ceux qu’il aime, bref, il utilise un compte Instagram tel que la plupart d’entre nous l’utilisons. Il essaye même d’y apporter un oeil graphique rehaussant dès lors l’intérêt de ces instants issus de la banalité du quotidien.
Pourquoi comparer ces deux comptes entre eux?
Parce que ces deux comptes ont pour ainsi dire le même nombre d’abonnés. Et c’est bien là qu’il faut tirer des conclusions : le compte d’un éventuel leader du premier parti d’opposition français et toute l’équipe s’acharnant en coulisse n’arriverait donc pas à atteindre plus de monde que le compte d’un leader écologiste francophone de notre petite Belgique.
Les réseaux sociaux, particulèrement Twitter et Facebook, ont créé des liens directs entre le ‘peuple’ et les politiques en mal de reconnaissance. Des échanges concrets se sont créés, mais sommes nous réellement en train de parler à la bonne personne? Alors que vous venez d’interpeller votre élu politique local sur Twitter, qui se cache réellement derrière ce compte? Qui vous répond?
La satisfaction d’obtenir une réponse directe et franche d’un élu politique sur un réseau social est inversement proportionnelle à la vexation d’obtenir cette réponse par un community manager, payé (ou pas…) pour être la parole virtuelle de cet élu. Il en va de même pour Instagram.
Je n’ai personnellement aucun intérêt à suivre l’agenda visuel d’un politicien quelconque. Si je souhaite m’informer du contenu de ses idées politiques, je me renseigne par d’autres moyens, pas besoin de me convaincre de son (hyper)activité par du publireportage.
Outre l’absence totale d’interaction, l'exemple de Bruno Le Maire est malheureusement significatif de la plupart des comptes politiques sur Instagram. Chez nous toujours, le compte d'Elio Di Rupo a atteint ce même niveau de niaiserie. On est proche de la parodie tellement le contenu semble calculé de manière aberrante…
Cette indigeste succession d’éléments visuels visant à lisser l’image d’un élu sert-elle sincèrement à faire avancer le débat politique? Ou bien ne s’agit-il finalement que de communication pour occuper le terrain? L’absence d’un politique (ou d’une entreprise, d’une personnalité, d’une marque,…) sur un réseau social est devenue une erreur, certes. Mais la présence pour la présence sans contenu ou avec un contenu sans intérêt sincère (on y revient) ne joue pas à améliorer l’image, et déforcera même celle-ci.
Certes, un ‘bon’ compte politique Instagram ne fait bien évidemment pas un ‘bon’ politicien. Mais dans ce permanent combat de la sacro-sainte sincérité, ces “experts” en communication et autres conseillers politiques devraient franchement remettre en question leurs connaissances quand à la sincérité de leurs conseils en communication virtuelle/visuelle.
http://instagram.com/davidcrunelle
http://www.davidcrunelle.com
La stricte application consensuelle
Voici le nouveau logo de Proximus, qui remplacera donc officiellement Belgacom à partir de demain.
Que dire de ce logo si ce n’est qu’il est un exemple parfait des tendances et techniques modernes en terme d’identité visuelle?
-logo typo plutôt qu’un symbol seul, dessin ou illustration.
- pas de majuscule, car “les minuscules ont le ton de la conversation”- corps des lettres identiques, avec une descendante en début de nom, remplaçant le rôle de la majuscule.
- une couleur dominante, max 2 couleurs
- pas d’aspects anguleux, les formes courbes adoucissent le nom.
- graisse de type ‘heavy’, accentuant la chaleur et la visibilité mais également une certaine hiérarchie au sein des enseignes du groupe Belgacom (voir plus bas)
- même sa version en blanc sur fond noir est très efficace.
- pas de majuscule, car “les minuscules ont le ton de la conversation”- corps des lettres identiques, avec une descendante en début de nom, remplaçant le rôle de la majuscule.
- une couleur dominante, max 2 couleurs
- pas d’aspects anguleux, les formes courbes adoucissent le nom.
- graisse de type ‘heavy’, accentuant la chaleur et la visibilité mais également une certaine hiérarchie au sein des enseignes du groupe Belgacom (voir plus bas)
- même sa version en blanc sur fond noir est très efficace.
En terme de sens et de composition, c’est limpide :
- rappel de typo de Belgacom en de nombreux points
- les couleurs du ‘X’ montrent l’évidente fusion des deux anciennes entités et identités visuelles.
- ce même ‘X’ faisant référence au lien(s), à un réseau, ‘étendu’ mais ‘fermé’ est une dérive d’un pictogramme utilisé fréquemment pour indiquer une expertise technique, une systémique, un ensemble de données maîtrisées.
Au bac le côté ‘corporate' qui suivait Proximus depuis ses débuts, car Belgacom suit la tendance des campagnes publicitaires aux familles modèles. De plus, l’ancienne identité visuelle de Proximus faisait encore tache au milieu des autres identités visuelles du groupeBelgacom.
Il était surtout temps de se débarrasser des poids poussiéreux d’une ancienne enseigne au nom créé en 1930, dont le préfixe n’est malheureusement plus signe d’aucune qualité spécifique en dehors du chocolat et des frites. Belgacom ayant clairement manqué le train des marchés internationaux, il reste à parier que cette nouvelle enseigne effacera plus facilement cet échec de développement économique en renforçant l’identité de l’ex branche mobile.
Consensualisme et gentrification
Malgré tous ces éléments, pourquoi ne pas tomber pleinement amoureux de ce nouveau logo? He bien car vous l’avez déjà vu. Et plus d’une fois. Certes il ne s’agit pas d’un plagiat, mais bien de ce qui est évoqué plus haut : à trop respecter des ‘règles’, on en arrive à reproduire des identités tellement similaires, qu’elles ne se distingueront plus que par leur couleur… Et encore!
Si ce fameux ‘X’, que nous verrons à toutes les sauces à partir de demain, est l’aspect le plus malin de cette nouvelle identité visuelle (le reste n’étant donc qu’une suite logique de ‘règles’), il n’en est pas moins dénué d’un gadget graphique qui nous fera aimer et donc valoriser l’entreprise. Au même titre que nous sommes enclins à créditer positivement toutes les enseignes exploitant par exemple le negative space.
Trop consensuel le nouveau logo Proximus? En tous cas, il s’insérera parfaitement dans le moule actuel des identités visuelles des entreprises télécoms.
Attention donc au consensuel dans l’identité visuelle. Une placide application des règles sans réflexion poussée peut conduire aux pires exemples de bêtises graphiques.
Il était surtout temps de se débarrasser des poids poussiéreux d’une ancienne enseigne au nom créé en 1930, dont le préfixe n’est malheureusement plus signe d’aucune qualité spécifique en dehors du chocolat et des frites. Belgacom ayant clairement manqué le train des marchés internationaux, il reste à parier que cette nouvelle enseigne effacera plus facilement cet échec de développement économique en renforçant l’identité de l’ex branche mobile.
Consensualisme et gentrification
Malgré tous ces éléments, pourquoi ne pas tomber pleinement amoureux de ce nouveau logo? He bien car vous l’avez déjà vu. Et plus d’une fois. Certes il ne s’agit pas d’un plagiat, mais bien de ce qui est évoqué plus haut : à trop respecter des ‘règles’, on en arrive à reproduire des identités tellement similaires, qu’elles ne se distingueront plus que par leur couleur… Et encore!
Si ce fameux ‘X’, que nous verrons à toutes les sauces à partir de demain, est l’aspect le plus malin de cette nouvelle identité visuelle (le reste n’étant donc qu’une suite logique de ‘règles’), il n’en est pas moins dénué d’un gadget graphique qui nous fera aimer et donc valoriser l’entreprise. Au même titre que nous sommes enclins à créditer positivement toutes les enseignes exploitant par exemple le negative space.
Trop consensuel le nouveau logo Proximus? En tous cas, il s’insérera parfaitement dans le moule actuel des identités visuelles des entreprises télécoms.
Attention donc au consensuel dans l’identité visuelle. Une placide application des règles sans réflexion poussée peut conduire aux pires exemples de bêtises graphiques.
De l’inutilité d’être présent sans avoir rien à dire
Cela fait maintenant 2 mois que le quotidien La Libre Belgique a lancé son compte instagram(http://instagram.com/lalibre.be). Ayant constaté ce lancement, trois ans après l’apparition de ce réseau social (fail), et en pleine période de congé scolaire (re fail), j’ai voulu suivre l’évolution du compte Instagram de La Libre Belgique tant au niveau du contenu que de son audience.
Essayons d’abord de répondre à la simplissime et évidente question que les rédacteurs se sont probablement posée (?) : à quoi peut bien servir un compte Instagram? Qui plus est, à quoi peut bien servir le compte Instagram d’un quotidien journalistique en Belgique francophone? Surtout si la signature de celui-ci est “Faisons vivre l’info"…
Quelques pistes:
- Communiquer avec les lecteurs, car il s’agit avant tout d’un réseau social.
- Relayer l’information, notamment sur les réseaux en forte croissance, et non se contenter deFacebook.
- Compléter l’information, c’est à dire apporter une valeur ajoutée à une information qui ne saurait être placée sur l’article du site par exemple.
- Exploiter judicieusement l’image (et/ou la photographie) à une époque où l’immédiateté de l’information devient dominante.
- Atteindre un nouveau public, celui de la génération Y et autres natifs numériques qui passent bien plus de temps les yeux sur un écran de téléphone que sur un journal au format tabloïd.
- Divertir, tous comme le fait Sud Info, dont la qualité de contenu reste bien entendu très relative…
- Apporte un “insight” auprès des lecteurs : leur faire connaître l’équipe rédactionnelle, le quotidien d’un pigiste, les techniques de mise en page, le rebond éditorial suite à une actualité urgente, etc. Les exemples sont infinis.
Les politiques éditoriales de la presse francophone grand public ont bien entendu les mêmes contraintes que beaucoup d’autres : il faut trouver un juste équilibre entre rentabilité et contenu. Tout en gardant une “identité”.
Et nous sommes nombreux à savoir que depuis des années la balance entre les deux est gravement déréglée… Trop d’articles sont réduits à 2 paragraphes (souvent mals) copiés/collés d’une agence de presse, parfois accompagné d’une affligeante vidéo pompée directement du journal télévisé…
Dès lors, quel magnifique outil qu’un nouveau réseau social, une nouvelle fenêtre médiatique, branchée, simple d’utilisation et entièrement gratuite! Instagram est à notre disposition en quelques clics seulement.
Probablement créé suite à l’insistance d’un utilisateur ou d’une utilisatrice expérimenté(e) travaillant au sein même de la rédaction, le compte Instagram de La Libre Belgique voit le jour le 24 juillet 2014. Il faudra le faire connaître au monde entier (en tous cas le monde intéressé par l’actualité quelle qu’elle soit, et de préférence en français), et pour ce faire, quel autre moyen infallible qu’une bannière ‘bien en évidence’ sur la homepage du site?
Vous savez, ces bannières/boutons dont l’espace est vendu à prix d’or aux différents clients, monnayant cette visibilité dans un rapport proportionnel au nombre de clics/vues.
Cela fait donc deux mois que cette image trône sur la homepage de La Libre Belgique, entre le champ d’inscription à la Newsletter (un concept devenu presque caduque), le dessin du jour et une publicité.
Et en deux mois, le constat est simple : il s’agit d’un échec cuisant, un coup dans l’eau, une occasion manquée.
Outre cette farce économique qu’est encore à ce jour la bannière internet, le nombre d’abonnés n’a pas à cette heure atteint la centaine, les posts ne récoltent que rarement plus de 10 ‘likes’, aucun échange, aucune interactivité.
Pire encore : rien ne se dégage de ce compte. Les quotidiens avaient par le passé (selon moi) une identité propre, une ligne, une image que les lecteurs pouvaient s’approprier. J’ai personnellement changé de quotidien belge francophone lorsque je n’étais plus en phase avec la ligne éditoriale il y a de cela une dizaine d’année. La mort dans l’âme j’ai résilié mon abonnement à Charlie Hebdo lorsque leurs analyses de certains sujets étaient (toujours selon moi) plus du niveau d’antan.
Il ne s’agit pas d’incriminer la personne ‘responsable’ de ce compte Instagram, mais bien de critiquer ouvertement deux choses :
1. Ce compte est une présence anecdotique et ne répond pas vraiment aux quelques pistes évoquées plus haut. Il s’agit donc d’un compte Instagram parmi les millions d’autres sur ce réseau social, n’apportant rien, n’enrichissant nullement notre quotidien.
2. L’occasion manquée de rebondir, de garder la tête hors de l’eau dans un milieu étouffant sous les multiples contraintes journalistiques de notre époque. Je ne suis plus lecteur de La Libre depuis des années, et pourtant, j’aurais tellement aimé être abonné à une petite fenêtre numérique ouverte sur une liberté d’expression qui n’a plus sa place entre deux publicités d’une homepage…
Suggestions pour le compte Instagram de La Libre Belgique :
- Chaque matin, avant l’ouverture des librairies, postez une photo de la Une.
- VALORISEZ les photographes que vous publiez. Citez leurs noms, publiez des photos qui n’ont pas eu leur place dans la version papier/online.
- Interagissez avec vos lecteurs, surtout ceux qui survolent l’actualité quotidienne plutôt que de lire des articles en ligne.
- Utilisez le compte Instagram comme relais vers un complément d’information.
Il existe une myriade d’autres options pour exploiter au mieux un réseau social. La presse francophone a encore beaucoup à apprendre, et donc à exploiter. Histoire qu’ensemble, nousfassions vivre l’info…
http://instagram.com/davidcrunelle
www.davidcrunelle.com
Pourquoi les images des otages décapités sont-elles si "efficaces"?
Dans la culture occidentale, nous avons acquis les règles des contrastes de couleurs selon les théories d'Itten, et notamment les principes efficaces des contrastes complémentaires (ou opposés).
Bien que cet axe des couleurs ne soit pas reconnu dans toutes les cultures (au Japon par exemple, la couleur ultime est la rouge, alors que nous continuons d'apprendre très tôt le principe de couleurs 'primaires'), c'est ce principe de mélange des couleurs qui a été adopté dans la plupart des techniques d'impression et de communication. Regardez les couleurs de vos cartouches d'imprimantes, et vous comprendrez aisément l'influence que les théories (certes non-abouties) d'Itten développées il y a moins d'un siècle font désormais partie du quotidien qui nous entoure.
En terme de contraste complémentaire, le contraste bleu-orange est celui qui est le plus plaisant à l'oeil humain. C'est la raison pour laquelle qui que nous soyons, sommes et serons toujours charmés par un couché de soleil, surtout si celui-ci navigue dans la palette la plus large entre le bleu et l'orange le plus pur (contraste de couleur en soi).
Les publicitaires, graphistes et photographes l'ont bien compris et ces principes sont inculqués lors de formations telles que je les dispense depuis quelques années.
Nous sommes littéralement noyés quotidiennement dans ce contraste complémentaire bleu-orange, sur-exploité par l'industrie cinématographique ainsi que la grande distribution.
Et ce pour la simple raison que ce contraste est plus efficace, plus marquant, plus vif. Notre oeil ne pouvant fixer deux couleurs contraires en même temps, celui-ci se voit balancé d'un point à l'autre de cet axe de couleurs, créant une sensation visuelle de vibrance, et donc, d'interpellation.
Les atroces images des otages en passe d'être décapités que nous voyons malheureusement fleurir dans nos médias ces semaines-ci ont tendance à jouer sur ce principe de contraste. Nous déplorons déjà la maîtrise évolutive des techniques de communication des terroristes, et pourrions imaginer que, même sans avoir pour autant acquis les principes théoriques d'Itten, ces terroristes n'en sont pas moins sensibles aux mêmes principes visuels que chacun d'entre nous. Ils auront dès lors décelé l'impact visuel d'un contraste complémentaire vif rendu entre un ciel bleu et une tunique orange. D'autant plus si, un message additionnel (un titre, un objet,...), un message d'importance, est inséré dans ce contraste sous sa couleur la plus pure : le rouge...
Si ces images nous marquent autant de par leur contenu absurde et inhumain, il en va de même par l'attirance médiatique que ce contraste peut créer. Pourquoi ces images d'otages sont-elles plus marquantes, et donc efficaces, que des photos boueuses, brouillons et grises de charniers en Afrique ou en Europe de l'Est?
Si les experts de la communication ont compris l'impact visuel d'un contraste complémentaire depuis longtemps, ce même contraste peut faire qu'actuellement quelques victimes de barbaries moyenâgeuses marqueront plus 'efficacement' notre année médiatique que les milliers de victimes d'autres conflits armés moins mis en scène.
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