Suivant actuellement la communication de la campagne de Bruno Le Maire à la conquête de la présidence de l’UMP en 2015, et faisant suite à un précédent billet quand à l’utilité d’une présence sur Instagram, arrêtons nous un instant sur l’utilisation de ce réseau social par diverses personnalités politiques.
Tout d’abord, reprenons la même question : à quoi sert un compte Instagram? Et à quoi cela sert aux politiques? La réponse est évidente : à communiquer. Ce inclus toutes les dérives que cela peut engendrer.
Revenons sur Bruno Le Maire, dont le compte Instagram, manifestement géré par une (jeune) équipe de campagne très motivée et archi-convaincue, poste quasi quotidiennement les déplacements divers, les portraits opportuns, les discours en tribune, le public conquis, le soutien du peuple avec des t-shirt arborant son slogan, bref, la relative proximité de l’ex Ministre de l’Agriculture du gouvernement Sarkozy avec la population.
Que nous apporte ce compte Instagram? Une vitrine sur l’agenda du candidat. Et rien d’autre. Son ‘combat’ pour la conquête d’un ‘renouveau’ politique, est donc illustré de près par une équipe d’expert prêts à tout pour agiter constamment devant nos yeux crédules la sincérité de l’homme à coups de photos biens trop calculées et dénuées d’intérêt artistiques.
Parlons chiffres : le compte de Bruno Le Maire, c’est 259 photos postées en 1 an et demi d’activité sur Instagram, dont 230 photos de lui. Des 29 photos restantes, plus de la moitié contiennent son nom sur un t-shirt, portés par des jeunes enthousiastes.
Prenons maintenant un politique belge, bruxellois, ancien Secrétaire d’Etat au Logement et au Tourisme. Christos Doulkeridis a également un compte Instagram comptant quasiment trois fois plus de photos, faites pour la plupart avec un gsm (contrairement aux photos reportages de Bruno Le Maire). On y voit l’actuel Parlementaire bruxellois dans son quotidien autre que son agenda politique. Il n’essaye pas d’avoir l’air plus parfaitement parfait (et donc lisse) que d’autres politiques. Il montre ce qu’il vit, ce qu’il mange, ce qu’il découvre, ceux qu’il aime, bref, il utilise un compte Instagram tel que la plupart d’entre nous l’utilisons. Il essaye même d’y apporter un oeil graphique rehaussant dès lors l’intérêt de ces instants issus de la banalité du quotidien.
Pourquoi comparer ces deux comptes entre eux?
Parce que ces deux comptes ont pour ainsi dire le même nombre d’abonnés. Et c’est bien là qu’il faut tirer des conclusions : le compte d’un éventuel leader du premier parti d’opposition français et toute l’équipe s’acharnant en coulisse n’arriverait donc pas à atteindre plus de monde que le compte d’un leader écologiste francophone de notre petite Belgique.
Les réseaux sociaux, particulèrement Twitter et Facebook, ont créé des liens directs entre le ‘peuple’ et les politiques en mal de reconnaissance. Des échanges concrets se sont créés, mais sommes nous réellement en train de parler à la bonne personne? Alors que vous venez d’interpeller votre élu politique local sur Twitter, qui se cache réellement derrière ce compte? Qui vous répond?
La satisfaction d’obtenir une réponse directe et franche d’un élu politique sur un réseau social est inversement proportionnelle à la vexation d’obtenir cette réponse par un community manager, payé (ou pas…) pour être la parole virtuelle de cet élu. Il en va de même pour Instagram.
Je n’ai personnellement aucun intérêt à suivre l’agenda visuel d’un politicien quelconque. Si je souhaite m’informer du contenu de ses idées politiques, je me renseigne par d’autres moyens, pas besoin de me convaincre de son (hyper)activité par du publireportage.
Outre l’absence totale d’interaction, l'exemple de Bruno Le Maire est malheureusement significatif de la plupart des comptes politiques sur Instagram. Chez nous toujours, le compte d'Elio Di Rupo a atteint ce même niveau de niaiserie. On est proche de la parodie tellement le contenu semble calculé de manière aberrante…
Cette indigeste succession d’éléments visuels visant à lisser l’image d’un élu sert-elle sincèrement à faire avancer le débat politique? Ou bien ne s’agit-il finalement que de communication pour occuper le terrain? L’absence d’un politique (ou d’une entreprise, d’une personnalité, d’une marque,…) sur un réseau social est devenue une erreur, certes. Mais la présence pour la présence sans contenu ou avec un contenu sans intérêt sincère (on y revient) ne joue pas à améliorer l’image, et déforcera même celle-ci.
Certes, un ‘bon’ compte politique Instagram ne fait bien évidemment pas un ‘bon’ politicien. Mais dans ce permanent combat de la sacro-sainte sincérité, ces “experts” en communication et autres conseillers politiques devraient franchement remettre en question leurs connaissances quand à la sincérité de leurs conseils en communication virtuelle/visuelle.
http://instagram.com/davidcrunelle
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